Qu’est-ce qui vous pousse à prendre le large ?
« C’est la dimension humanitaire qui nous pousse en premier lieu : au Sénégal, nous réaliserons le raccordement électrique d’un logement communautaire d’enseignants puis nous convoierons du matériel scolaire depuis la Guadeloupe vers Haïti (NDLR : voir l’article Projet EAGL). Mais nous ne nous imaginions pas construire notre projet sans la sensibilisation au développement durable. Naviguer est un bon moyen de se rendre compte de l’impact de la pollution sur la nature : elle saute aux yeux ! Si nous sommes habitués à voir un sac plastique par terre en ville, notre regard est bien plus choqué quand il passe de la vision féérique d’un banc de dauphins à celle bien triste d’un banc de sacs plastiques. Je l’ai encore vécu en baie de Porquerolles il y a quelques semaines. »
Pourquoi traverser l’Atlantique ?
« L’idée de cette traversée est venue après l’idée du projet : ce dont nous étions sûr c’était de partir à la voile ensemble dans un projet à dimension humanitaire. L’Atlantique nous a attirés pour deux raisons principales : la première parce qu’elle nous permet de rejoindre les Antilles qui est une zone à un fort besoin humanitaire. La deuxième raison est le défi sportif, le challenge. Si notre équipage est rodé pour la bonne navigation du voilier, il n’en reste pas moins qu’une traversée de plusieurs semaines sans voir la terre reste un défi de taille. Les transatlantiques donnent un ton aventureux, nous poussent à nous dépasser et à voir grand. »
Vous étiez si impatient que vous ne pouviez pas attendre la fin de vos études ?
« Prendre une année de césure c’est se permettre de réaliser un projet que l’on ne peut pas forcément faire une fois jeune diplômé : le stage de fin d’étude débouchant assez souvent sur une embauche. »
Votre formation d’ingénieur vous sera-t-elle utile durant ce voyage ?
« Ma formation en océanographie à SeaTech m’a donné une culture scientifique des changements globaux liés à l’activité humaine et l’importance des océans et mers dans ces phénomènes. Durant notre périple, nous collecterons également des données pour les enseignants-chercheurs de l’Institut Méditerranéen d’Océanographie de l’Université de Toulon.
Il y a aussi la mission au Sénégal qui nous permet de mettre nos compétences d’ingénieur en jeu. En effet, là-bas nous électrifierons un bâtiment par une installation photovoltaïque. Il s’agit pour cette mission de réaliser un projet d’ingénieur concret : partir d’un cahier des charges, proposer un dimensionnement, chercher des fournisseurs, organiser la logistique, etc… C’est clairement là que nos compétences techniques sont bien utiles au projet ! »
Votre équipe est également composée d’une infirmière…
« C’est un atout pour l’équipage pour plusieurs points de vue : Il est déjà certain qu’avoir à bord une personne compétente en matière de soins est loin d’être une absurdité, c’est même ce qui manque à beaucoup d’équipages ; évidemment c’est elle la responsable des affaires de santé sur le bateau. De manière plus générale, la pluralité des parcours est une richesse pour une équipe, elle permet de croiser plusieurs façons de voir les choses et nous donne un regard extérieur sur nos travaux d’ingénieurs. Dans notre cas, ses compétences pour le social et l’humain nous permet de recentrer notre projet vers son but : faire de l’humanitaire. »
Qu’attendez-vous d’un tel projet ?
« Découvrir d’autres cultures nous motive particulièrement, mais aussi voir comment le monde est, comment il est vu ailleurs et découvrir la nature à travers l’océan et les régions du monde que nous allons traverser. Partir pour un projet de cette envergure, c’est aussi se confronter à soi et à ses limites. »