C’est par la voie de l’apprentissage que Florian Turtaut avait choisi de mener ses études d’ingénieur entre 2006 et 2009. Pour lui, cette solution répondait idéalement à son souhait de poursuivre ses études après un IUT et à son envie de découvrir la vie active. Quatre ans plus tard, et après avoir encadré une équipe de 10 ingénieurs en qualité de Chef de groupe chez Assystem, Florian a tout récemment rejoint Thalès, l’entreprise qui l’avait accueilli pour ses 3 années d’apprentissage.
« L’apprentissage est la vraie bonne solution »
Pouvez-vous nous présenter brièvement votre cursus ?
En sortant d’une formation technique en IUT Matériaux à Bordeaux, j’avais le choix entre chercher un emploi ou continuer mes études. Après avoir effectué un stage en entreprise de 3 mois, je ne me voyais pas poursuivre mon cursus sans concilier vie active et académique. J’ai donc choisi cette école qui proposait la spécialité Ingénierie des Matériaux en apprentissage. Lors d’une réunion de pré-rentrée, les responsables (*) de cette formation nous ont donné une liste d’entreprises intéressées par des alternances. J’en ai démarché quelques- unes et j’ai eu la chance d’être pris chez Thalès Alenia Space. J’en suis sorti en 2009 et j’ai conclu mes études en faisant un mastère spécialisé à l’Ecole des Mines de Paris.
Que retenez-vous principalement de vos années d’apprentissage ?
L’un des points forts de cette formation, c’est le rythme assez long et homogène entre les cours et l’entreprise. La première année, on passe 1/3 du temps en entreprise sur des périodes d’un mois environ. En 3ème année, on est plutôt au 2/3 en entreprise pour 1/3 d’enseignement. L’autre point essentiel à mes yeux c’est l’intégration dans l’entreprise. Un stagiaire reste un stagiaire, mais un apprenti est progressivement considéré comme un collaborateur au même titre que les autres salariés !
Il y a également l’aspect financier ?
L’apprentissage est une vraie bonne solution ! Il y a effectivement cet aspect financier non négligeable puisqu’un apprenti est rémunéré sur la base d’un pourcentage du SMIC, auquel s’ajoutent différentes aides et allocations. Très clairement, ces 3 années ne m’ont financièrement rien coûté puisque mes revenus couvraient mes frais d’études, mon logement à Cannes où se trouvait l’entreprise, et mes trajets pour revenir à l’école sur Toulon. Il faut savoir également que les entreprises reconnaissent les années d’apprentissage. Alors quand on commence dans la vie active avec déjà 2 ou 3 années d’ancienneté en poche, ça fait une différence, y compris au niveau du salaire...
Cette formule en alternance nécessite-t-elle une adaptation du programme d’enseignement ?
Le programme est sensiblement le même. La grosse différence est que l’apprentissage fonctionne sur le rythme d’une entreprise, avec 5 semaines de congés payés. Donc, quand les élèves de la formation sont en vacances, nous, nous sommes en entreprise. Le reste du temps, nous avons des cours communs et parallèlement des cours plus spécifiquement aménagés pour certaines matières.
De l’autre côté, l’entreprise est-elle tenue de suivre l’évolution de votre programme scolaire ?
Un apprenti est obligatoirement pris en charge par un tuteur en entreprise. L’école et l’employeur sont régulièrement en contact pour suivre l’évolution de l’apprenti. L’école tient l’entreprise informée des programmes de cours, des périodes d’examen et de nos résultats scolaires. A l’inverse, chaque année, l’apprenti doit réaliser un mémoire d’activité et le soutenir, généralement en présence de son tuteur. Pour ma part, j’ai eu la chance d’avoir le même tuteur industriel durant mes 3 années d’apprentissage, avec qui je m’entendais très bien et qui s’est beaucoup impliqué pour moi.
Y a-t-il quand même quelques inconvénients à cette formation en apprentissage ?
Oui, à mon sens, il n’y en a qu’un ! Je parlais tout à l’heure de la facilité d’intégration en entreprise, mais à l’inverse, l’alternance rend plus difficile l’intégration dans l’école étant donné qu’on y passe peu de temps… On ne connaît pas bien les autres élèves qui ne sont pas en apprentissage. Cela dit, même si ce n’était pas évident sur le moment, avec du recul, je vois les choses différemment. Car cette situation a finalement créé des liens très forts entre les 13 étudiants que nous étions en apprentissage. Aujourd’hui, nous gardons tous le contact et nous continuons à nous voir de temps en temps.
Que s’est-il passé pour vous, depuis la fin de votre apprentissage ?
Je suis tout d’abord allé dans le naval, à Saint-Mandrier, puis j’ai été recruté par Assystem d’abord comme ingénieur puis rapidement comme Chef de groupe, à la tête d’une équipe de 10 ingénieurs. C’est comme ça que j’ai travaillé pour mon ancien tuteur qui est devenu mon client ! Et c’est comme ça aussi que je suis devenu moi-même le tuteur d’un apprenti issu de la même école que moi !!
C’est plus facile d’être tuteur lorsqu’on a été apprenti soi-même ?
Je pense que c’est à double tranchant. On est certainement plus attentionné et plus à même de donner des conseils par rapport aux rythmes et aux cours qu’on connaît. Mais parfois, on est aussi plus intransigeant lorsque, par exemple, l’apprenti bloque sur un sujet qui nous paraissait facile lorsqu’on était à sa place ! Cela dit, je dois reconnaître que c’était pour moi une fierté d’être de l’autre côté du bureau lorsque je suis venu aider mon apprenti pour ses soutenances… Si l’expérience est à refaire, je n’hésiterai pas un seul instant !
Visiblement, avec l’apprentissage, vous avez vraiment trouvé votre voie ?
Honnêtement, je n’y vois que des avantages et je le conseille d’ailleurs à tous les étudiants que j’ai l’occasion de croiser ! Je viens tout juste de rejoindre l’entreprise qui m’a accueilli durant mes 3 années d’apprentissage. C’est en quelque sorte un retour aux sources et j’en suis ravi !
(*) Marcel Cicebel et Patricia Orfila