Dire que la mer n’a aucun secret pour lui paraît presque une évidence ! Car c’est dans ses moindres richesses que Bernard Sans l’appréhende, l’étudie, l’analyse, la projette... Lui qui a amplement contribué à l’émergence du Pôle Mer Méditerranée et qui en assure la présidence. Lui qui a dirigé « le navire » DCNS Toulon jusqu’en mars 2013, pour prendre aujourd’hui la tête de la « Business Unit Simulateurs et Formation ». Convaincu que le 21ème siècle sera un siècle maritime, Bernard Sans est tout autant persuadé qu’il révélera de nouvelles vocations…
« Le 21ème Siècle sera maritime »
Qu’est-ce qui évoque, pour vous, ce fameux nouveau siècle maritime ?
Il suffit de prendre quelques chiffres éloquents : 2/3 de la population mondiale vit en bande côtière ; 90% des échanges commerciaux se font par voie maritime ; 25% de la production de gaz et de pétrole sont issus de la mer ; l’économie maritime pèse un chiffre d’affaires annuel mondial de 1 500 milliards d’euros ; La zone économique exclusive de la France s’étend sur 11 millions de km2. C’est dire si le terrain est infini ! Que l’on évoque la construction navale, la pêche, les énergies renouvelables, la surveillance maritime, l’aménagement du littoral et bien d’autres thématiques, la mer englobe une économie très vaste à tous niveaux, au-dessus et en-dessous.
Vous avez longtemps dirigé DCNS Toulon. Une ville portuaire pour qui, la mer est une réelle stratégie d’avenir...
La région toulonnaise a des atouts fantastiques qui reposent sur 400 ans d’histoire avec l’arsenal et la marine ! Aujourd’hui, la mer c’est aussi tout son environnement industriel à travers des groupes leaders comme DCNS, mais également tout ce réseau de PME ultra performantes que l’on retrouve dans le Pôle Mer riche de ses 350 membres. Aujourd’hui, ce faisceau d’intérêts qui fédère des partenaires aussi bien industriels, économiques qu’institutionnels, stimule des projets innovants auxquels prend part le monde de la recherche et de la formation. C’est comme ça que se sont développés de plus en plus de programmes liés au maritime et maintenant la création d’une école qui lui est principalement dédiée.
Justement, qu’est-ce qu’un groupe comme DCNS peut attendre d’une école comme SeaTech dans ce contexte de développement stratégique très marqué ?
On est très concernés car en tant que premier industriel du Var, DCNS recrute chaque année une centaine de techniciens et d’ingénieurs, auxquels s’ajoutent des stagiaires et des apprentis en alternance… Cette école constitue, pour nous, un vivier de recrues potentielles au niveau ingénieur. Mais au-delà des compétences techniques, on attend aussi des jeunes qu’ils aient cette passion et cette compréhension de la mer…
Autrement dit pour vous, l’ingénierie marine est aussi une question de vocation ?
Je le pense effectivement. Faire une éolienne terrestre, ce n’est pas la même chose que faire une éolienne en mer. La conception, les matériaux, l’entretien… tout est différent. Mais la grande différence surtout, c’est que dans l’environnement marin, les spectres d’intervention sont très larges. Pour reprendre l’exemple du champ d’éoliennes marines, il faudra construire des bateaux adaptés à leur entretien, trouver des systèmes pour les sécuriser, en profiter pour créer des récifs sous-marins et favoriser ainsi la biodiversité et la préservation des ressources dans un esprit de développement durable.
La recherche est également très présente dans le cursus de SeaTech. Est-ce un volet susceptible d’intéresser davantage une structure transversale comme le Pôle Mer Méditerranée ?
Effectivement, la vocation du Pôle Mer c’est de faire travailler ensemble les industriels, le monde de la recherche et celui de la formation, pour sortir des produits basés essentiellement sur l’innovation. Toutes les PME qui partagent ces projets communs ont besoin de scientifiques à leurs côtés.
En conclusion ?
En conclusion, DCNS attend de cette école qu’elle révèle de nouveaux talents, tant pour intégrer et enrichir nos sites de proximité, que nos projets à l’international. Au travers du groupe, nous exportons déjà plus d’un tiers de notre activité, avec une volonté affirmée de poursuivre notre développement externe. Donc, on attend de ces jeunes ingénieurs qu’ils partagent la philosophie de DCNS avec, pourquoi pas, l’envie d’évoluer ailleurs et de voguer à travers les mers du monde…